Ségolène Royal, une féministe ?

On nous bassine les oreilles sur le fait que Ségolène Royal soit une femme. Ca semble même son principal argument politique (on se souvient du premier débat socialiste où, lorsqu'on lui avait demandé sa différence avec ses compétiteurs, elle avait répondu "ça se voit"). Le pire, c'est que ça marche : un sondage Ipsos montre que ce qui attire le plus les Français, c'est avant tout le fait que ce soit une femme, à 37% (et même 41% chez les sympathisants socialistes).

Ce que je n'aime pas chez Ségolène Royal, c'est la façon dont elle se sert de la chance qu'elle a d'être une femme, dont elle crie au machisme à la moindre contradiction.
Fabius, constatant que les parents du ménage Hollande-Royal sont tous deux présidentiables, se demande avec humour qui va garder les enfants ; il est aussitôt accusé de machisme puisque "garder les enfants", ça semble être un rôle féminin, pour les royalistes. De même avec jean-Luc Mélenchon qui, se plaignant de voir nombre de candidats à la candidature se multiplier, dit que cela ne doit pas tourner au "concours de beauté" ; là encore, ce il est immédiatement étiqueté comme machiste, puisque les "concours de beauté" sont le plus souvent féminins.

En réalité, l'attaque visant le plus la féminité de Royal vient de… Martine Aubry, qui avait déclaré que la présidentielle "n'était pas une affaire de mensurations".

Qu'on interprète à sa façon les déclarations des adversaires pour leur faire dire ce qu'ils n'ont pas dit, passe encore, c'est le jeu politique habituel. Mais que toute critique contre Ségolène soit interprété comme du machisme, c'est assez nul.

Le féminisme est bien sûr un combat noble, que je soutiens. Mais ce que fait Royal, ce n'est pas du féminisme, c'est se servir du fait qu'elle soit une femme. C'est trahir ce combat.

Je n'aurais aucun problème à voter pour une femme. Corinne Lepage fait d'ailleurs partie des présidentiables pour lesquels j'envisage de voter (avec Chevènement et Bayrou). Par contre, le sexe du candidat n'a strictement aucune importance pour moi, je vote pour des idées.

Le problème est que Ségolène Royal ne travaille toujours qu'avec des équipes presque exclusivement masculines. Alors que Fabius promettait la parité homme-femme au gouvernement, parité qu'il avait déjà appliqué dans son équipe de campagne (dont la très jolie Sophia Chikirou).
Parmi les femmes les plus connues du PS, Marie-Noëlle Lienemann soutenait Fabius, Catherine Trautmann, Catherine Tasca, Marylise Lebranchu et d'autres préféraient DSK, les jospinistes Martine Aubry et Elisabeth Guigou ne se sont, à ma connaissance, pas prononcées. Quelle femme socialiste d'envergure a soutenu Royal ? Royal a juste ressorti Yvette Roudy pour lui servir de caution féministe.

Par contre, Royal s'est entourée d'hommes très ambitieux (Arnaud Montebourg, Patrick Menucci, Julien Dray, François Rebsamen, Gérard Collomb, Jean-Marc Ayrault), pour la plupart hommes forts en Province mais encore ignorés à Paris, et qui rêvent tous d'un siège ministériel qu'ils n'ont encore jamais eu. Difficile dans ces conditions d'espérer des femmes à des ministères importants, si Royal est élue.

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