Suisse : élections législatives fédérales le 21 octobre 2007

Après vous avoir expliqué le système législatif belge, je vais tenter de vous expliquer rapidement celui de la Suisse, où se dérouleront demain les élections législatives fédérales.

La Suisse est un état fédéral, actuellement divisé en 26 cantons jouissant d'une forte autonomie. Jusqu'à la nouvelle constitution adoptée en 1999, 6 d'entre eux étaient considérés comme des demi-cantons, étant issus de la scission de cantons historiques.

Chaque canton a sa propre constitution, son propre parlement (appelé le plus souvent "Grand Conseil" dans les cantons francophones), son propre gouvernement ("Conseil d'état" dans la plupart des cantons francophones) et son propre pouvoir judiciaire.

Ces cantons servent de circonscriptions électorales pour les élections législatives. Il y a deux chambres qui exercent le pouvoir législatif en Suisse.

La chambre basse de l'Assemblée Fédérale Suisse est le Conseil National. Chaque canton envoie un nombre de députés proportionnel à la population qui y réside (de 1 pour les plus petits à 34 pour Zurich). Lorsqu'un canton doit envoyer plusieurs députés, c'est le scrutin proportionnel qui s'applique.

La chambre haute est le Conseil des États : chaque canton envoie 2 représentants, ou 1 seul s'il s'agit d'un ancien demi-canton. Là, les cantons sont assez libre dans le mode de désignation : généralement au scrutin majoritaire et le jour des élections pour le conseil national, mais certains utilisent le scrutin proportionnel (Jura), d'autres font cela avant (Zoug, Appenzell Rhodes-Intérieures). Il est à noter que la chambre haute du parlement suisse a un pouvoir plus grand que son homologue française (le Sénat) : en Suisse, un texte de loi fédéral ne peut être adopté que s'il est ratifié par les deux chambres.
Cette répartition permet de restreindre le poids de partis dont l'influence serait trop localisée ; c'est le cas par exemple avec l'UDC (droite nationaliste), plus fort en Suisse Allémanique qu'ailleurs, qui n'est que le 4ème parti au Conseil des États alors que c'est le premier au Conseil national.

Enfin, la démocratie directe suisse permet d'organiser un référendum facultatif sur l'entrée en vigueur d'une loi votée par le parlement fédéral (il faut pour cela recueillir 50 000 signatures de citoyens suisses -sur plus de 7 millons- le réclamant). La loi n'est retirée que si un referendum est organisé et que le non à la loi l'emporte.

Il y a 4 gros partis dans la confédération : le Parti Socialiste Suisse (PSS, gauche), le Parti Démocrate-Chrétien (PDC, centre), le Parti Radical-Démocratique (PRD, droite libérale), et l'Union Démocratique du Centre (UDC, droite nationaliste).
Au début des années 90, l'UDC était encore un parti agrarien, loin derrière les 3 autres en terme de suffrages. Mais, suite à la radicalisation nationaliste de son aile zurichoise (qui a ensuite contaminé l'ensemble du parti), l'UDC est devenu le premier parti au Conseil National, d'abord en terme de suffrages exprimés en 1999, puis en nombre de représentants en 2003.
La plus grosse conséquence s'est déroulée à l'exécutif fédéral suisse, le Conseil Fédéral. Depuis 1959, une règle tacite, appelée la formule magique, répartissait les 7 sièges de ce conseil entre les 4 grands partis, en fonction de leur poids politique d'alors : 1 pour l'UDC, 2 pour chacun des 3 autres. En 2003, l'UDC a contraint le PDC (en perte de vitesseau niveau électoral) à lui céder un de ses sièges. C'est le leader zurichois Christophe Blocher, artisan de la radicalisation de l'UDC, qui y est allé.

L'enjeu pour l'UDC est donc de conserver sa position de leader de la politique suisse. Le parti joue donc le populisme en s'attaquant aux étrangers accusés d'être responsables de la délinquance, à l'islam, mais aussi en basant sa communication sur son leader Blocher, et en prétendant que les autres partis complotent contre lui.

Espérons que cela ne sera pas le cas…

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