10 juin 2007 : Élections législatives… en Belgique aussi

On le sait, le 10 juin 2007 se déroulera le 1er tour des élections législatives en France. Mais ce dimanche-là auront également les élections législatives fédérales en Belgique.

Le système politique belge est assez compliqué. Le royaume est un état fédéral, basé sur des communautés -linguistiques- (francophones, néerlandophones, germanophones), des régions -administratives- (Wallonie, Flandre, Bruxelles) et des régions linguistiques (de langue française, de langue néerlandaise, bilingue -Bruxelles-, et de langue allemande). Les régions wallonne et flamande sont elle-mêmes découpées en 5 provinces chacune.

Ce qui nous intéresse ici, ce sont les élections législatives fédérales. Pour ces élections, la Belgique est découpée en 11 circonscriptions : les 5 provinces wallonnes, 4 des 5 provinces flamandes, la cinquième (Brabant flamand) étant découpée en 2 : une partie (Louvain) forme une circonscription à part entière, l'autre (Hal-Vilvorde) est rattachée à Bruxelles pour former la dernière circonscription.
Si les 5 premières circonscriptions sont officiellement francophones, et les 5 suivantes néerlandophones, la dernière est bilingue (l'arrondissement Hal-Vilvorde est néerlandophone alors que la région de Bruxelles est bilingue). Cela complique encore plus les choses dans un état fédéral (on le verra plus tard), c'est pourquoi, dans un contexte où l'autonomie des communautés est de plus en plus prendre, certains réclament la partition de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV).

Comme dans beaucoup de pays, le parlement belge est bicaméral : il se compose de la Chambre des Représentants et du Sénat. Les élections à venir concernent les deux chambres et sont des élections à la proportionnelle (un seul tour, donc), qui ont lieu tous les 4 ans.

Commençons par la Chambre des Représentants, au nombre de 150. Chacune des 11 circonscriptions envoie un nombre fixé (en fonction du nombre d'habitants) de représentants à la chambre. Celle-ci est divisée en 2 groupes linguistiques : le néerlandophone (les députés issus de circonscriptions totalement flamandes + les députés de BHV prêtant serment en néerlandais) et le francophone (les députés issus de circonscriptions wallones + les députés de BHV prêtant serment en français).

Pour le Sénat, cela se complique grandement. Il y a 3 types différents de sénateurs.
Tout d'abord, 40 sénateurs élus directement : 25 par le collège néerlandophone (circonscriptions totalement flamande + les électeurs de BHV votant pour un néerlandophone) et 15 par le collège néerlandophone (circonscriptions wallonnes + les électeurs de BHV votant pour un francophone ou un germanophone)
21 sénateurs "communautaires" sont élus indirectement : les parlements communautaires désignent certains de leur membres (la répartition dépend des scores des partis aux élections) pour siéger au Sénat. Sont ainsi désignés 10 néerlandophones (parlement flamand), 10 francophones (conseil de la Communauté française) et 1 germanophone (parlement de la communauté germanophone).
Enfin, les 10 autres sénateurs sont cooptés par les sénateurs (élus directement et communautaires), 6 par les néerlandophones et 4 par les francophones.


Pourquoi le scrutin de dimanche est-il vraiment important pour la Belgique ?

Avant de répondre, intéressons-nous aux partis belges. Il y a 4 grands courants politiques, étant chacun représenté par un parti flamand et un parti francophone : les socialistes (sp.a et PS, rouges), les socio-démocrates-chrétiens (CD&V et cdH, orange), les libéraux (VLD et MR, bleus), et les écologistes (Groen! et Ecolo, verts).
Le système belge, basé sur la proportionnelle empêche toute majorité absolue, et oblige à la formation d'alliance. Il peut y avoir des alliances tripartites (rouge, orange, bleu), arc-en-ciel (rouge, vert, bleu), violettes (rouge, bleu), rouge-romaine (rouge, orange), etc.

Après avoir longtemps dirigé le pays grâce à ces alliances, les démocrates-chrétiens ont été écartés du gouvernement en 1999 par une coalition arc-en-ciel, puis en 2003 par une coalition violette. Mais les sondages annoncent le CD&V favori de l'élection à venir. Ce qui pourrait bien mener le leader flamand Yves-Leterme (aujourd'hui ministre-président de la Flandre) à la tête du gouvernement. Et cela est important, parce que celui-ci, pour courir après les bons résultats du Vlaams Belang (extrême-droite) qui défend le séparatisme flamand, défend désormais une autonomie très forte de la Flandre. Leterme s'était notamment fait remarquer l'été dernier en s'attaquant aux francophones.
L'alliance qui sortira des tractations post-électorales sera donc déterminantes pour l'avenir simple de la Belgique.

Commentaires

  1. Eh oui, ça s'est à peu près passé comme prévu, Leterme est de loin loin le premier des partis face à la dégringolade de notre ancien premier ministre (celui dont je massacre le nom ;))...

    Plus inquiêtant: le Vlaams Belang obtient je pense 18 siège et arrive en 2ème ou 3ème position (?). C'est surtout en Flandre donc, qu'il y a des intentions séparatistes (faut dire qu'ils sont en surnombre et plus riches).

    J'était sidérée de voir aussi qu'en Flandre, on vote 18 fois plus extrème droite qu'à Bruxelles ou qu'en Wallonie.

    A Ypres, terrain de la Guldensporenslag, des trachées de la grande guerre, il y a un certain nationalisme. C'est chez Leterme; et ça fait la moitié des voix. Tout comme à Anvers, ou le grand vainqueur est toujours le Vlaams Belang.

    Et ce n'est pas tout: la liste De Decker, aussi extrème nationaliste, apparait avec 5 sièges...

    Dans le CD&V, il y a aussi le NVA (NIeuwe Vlaamse Alliancia) très flamingante, qui donne le droit à Leterme, sous des airs de Chrétien Démo, d'avancer ses valeurs séparatistes.

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  2. Votre ministre c'est Verhofstadt ;p

    Sinon, même s'il recule moins que le sp.a. et le VLD, le PS se tape une défaite historique puisqu'il passe derrière le MR.

    Si tu ajoutes les scores de CD&V-NVA, du Belang et de la Lisjt Dedecker, on dépasse 50 % : les autonomistes/séparatistes sont désormais majoritaires en Flandre ! La Belgique gouvernée par les flamingants, bonne chance…

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  3. Salut Vinz,

    Petite erreur, il y a 3 régions (les territoires) et 3 communautés (flamandes, francophone, germanophone). Les communautés gèrent tout ce qui a trait à la langue (enseignement, culture, etc) et ne dispose pas de territoire. La communauté française par exemple a autorité en Wallonie et à Bruxelles, la communauté flamande en Flandre et à Bruxelles et la communauté germanophone en Wallonie (oui les belges germanophones sont Wallons).

    Il n'y a pas de régions linguistique. ;-)

    Voir le billet de Ploum qui décrit avec assez bien d'humour la situation. ;-)

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  4. Il n'y a pas de régions linguistiques ?

    Pourtant, dans la constitution belge, je lis ça, moi ;-) :
    Art. 4
    La Belgique comprend quatre régions linguistiques : la région de langue française, la région de langue néerlandaise, la région bilingue de Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande.
    (...)

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  5. Ce matin, sur la première (chaine radio nationale), M. Leterme a dit que la capitale de la Flandre était Bruxelles, en réponse à la question d'une auditrice.
    Avec celui-là comme premier ministre, le risque est grand que la Belgique ressorte les baillonettes et les canons comme en 1830. Mais comme d'habitude, il sera trop tard quand on voudra réagir...

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  6. Avec Y. Leterme, ce qu'il y a de bien, c'est qu'on aura enfin trouvé une excuse pour ne plus apprendre le Néerlandais.

    Selon moi, la séparation de la Belgique est presque inévitable. ça fait à peine 187 ans qu'on a pas réussi à résoudre nos conflits linguistiques.

    C'est quand même terrible que certains francophones utilisent le mot flamand comme synonyme pour "avec un air bête, un peu idiot". Qu'on ne me dise pas que c'est faux. Parmi les jeunes francophones, on entend régulièrement des "putain, quelle gueule de flamand" ou des choses du style...

    Dans les écoles, qu'est ce qui manque? Des profs de Néerlandais. Faut dire qu'avec la manière dont la jeunesse envisage le Néerlandais, le prof, il est pas sorti de l'auberge. En général, ça va du "je déteste" au "je m'en fous". Sans compter que trop souvent, les allochtones associent le Néerlandais à l'extrème droite du Vlaams Belang.

    Cependant, je pense qu'avant de crier "au feu", il faut attendre de voir ce qui se passe, et si Leterme deviendra premier ministre. Si tel est le cas, la Wallonie est mal en point.

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  7. Ombre> comment ça, pas de région linguistique?

    Si si il y en a... 4, comme l'a dit VinZ

    Par contre, il y a 3 régions, et 3 communautés (culturelles).

    Ce n'est donc pas car une région est un territoire qu'aucune langue précise ne la caractérise.

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