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Maljournalisme : le besoin d'extrémistes

J'ai été frappé par l'emballement médiatique autour du pasteur américain menaçant de brûler le Coran. Comment les médias américains (et à leur suite, tous les médias du monde) ont fait de cet illuminé une star en quelques heures. Comment ils ont ainsi attisé le sentiment anti-américain des populations musulmanes, et mis en danger les GI en Afghanistan. Les médias ont sans doute commencé à parler de lui, pour illustrer à la fois le 9ème anniversaire du 11 septembre, et la polémique sur la mosquée près de Ground Zero. Fallait-il en parler ? J'ai du mal à répondre non, parce que la presse est libre et doit pouvoir raconter ce qu'elle veut. Mais attention à la limite ! Rendre compte des propos d'un extrémiste, cela peut lui faire plus de publicité que de dégâts à son image. Dieudonné l'a bien compris : il est devenu spécialiste des provocations destinées à faire parler de lui dans les journaux télévisés. Faurisson, Le Pen : à chaque fois les médias sont tombés...

Karoutchi et les amalgames au fascisme et à Vichy

Je découvre que Roger Karoutchi, dans une interview au Parisien réclame « qu’on laisse Hitler, Mussolini et Pétain à l’histoire ». Il se dit notamment « scandalisé de voir les responsables de gauche traiter le gouvernement de nazis, de fascistes, ou de vichystes ». Je suis d'accord : je suis toujours profondément agacé par ces tentatives d'amalgame, de nazification de l'adversaire. Si bien que j'en ai déjà parlé ici… à propos du même Roger Karoutchi . C'était il y a deux ans et demi, alors que Sarkozy était déjà au plus bas dans les sondages. Un article du Nouvel Observateur nous en avait appris de belles. Le ministre s'était lâché. Les journalistes ? (c'était après l'histoire du faux SMS « Si tu reviens j'annule tout" » publié par le Nouvel Obs) Roger Karoutchi a comparé l'attitude des journalistes d'aujourd'hui à celle de la " presse des années 30 " (…) "On a l'impression d'un vent de folie qui res...

Humour et liberté d'expression

Je suis tombé samedi après-midi sur Patrick Sébastien : portait d'un bluffeur , sur France 3. Le documentaire revenait notamment sous la polémique « Casser du noir ». Plantons le décor. Nous sommes en 1995. Pendant des mois de campagne électorale (présidentielle et municipale), il avait été mis à l'écart, interdit de sketchs politiques, pour une séquence où Nicolas Sarkozy était le petit chien d' Édouard Balladur. Inconcevable pour TF1 (et pour son très balladurien directeur de l'information, Gérard Carreyrou , aujourd'hui éditorialiste ultra-sarkozyste de France Soir ) qui fait clairement campagne pour le premier ministre. Sébastien revient donc en septembre 1995, avec Osons . Le concept ? Beaucoup de provocation mâtinée d'humour potache. Et dedans, une parodie de « Casser la voix » de Patrick Bruel. C'est « Casser du noir » . Aux paroles racistes puisque chantée en imitant Jean-Marie Le Pen. Évidemment du second degré. Mais la droite balladurienne v...

Nouvelles du dopage

L'été dernier, j'avais publié plusieurs articles sur le dopage . Un sur le tour de France et deux sur l'athlétisme . Le retour de l'été impliquant également celui des compétitions sportives majeures, il est l'occasion de faire le point sur la question. Commençons par le cyclisme. Après avoir appuyé pendant des années sur la lutte contre le dopage, pour réhabiliter un sport dont l'image avait abîmée par les affaires Festina, Cofidis, Landis, etc., tout le monde s'est mis d'accord pour déclarer que c'était du passé. Les organisateurs du Tour de France, les diffuseurs (France Télévisions), les instances (l'UCI) vous le répéterons : il n'y a plus de dopage. Est-ce vrai ? Un bon indicateur est la performance des Français, généralement bien plus surveillés par leurs instances que leurs homologues espagnols, depuis les affaires dans les équipes Festina, Française Des Jeux, Cofidis… Car non, 6 espagnols dans les 10 premiers du Tour 2007, les...

La Flandre, la nation des schtroumpfs nationalistes

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Dans « Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf » (1973), le dessinateur belge Peyo présentait l'affrontement entre les Schtroumpfs du Nord (qui parlent de « tire-bouschtroumpf ») et ceux du Sud (qui disent « schtroumpfe-bouchon »). Cette querelle linguistique était une métaphore à peine voilée des tensions existant entre flamands (néerlandophones) et wallons (francophones) depuis des décennies. Si, dans la bande dessinée, tout finit par s'arranger, ce ne sera pas le cas dans la vraie Belgique. Pour les élections du dimanche 13 juin, les sondages promettent en effet, pour la première fois en Flandre, la victoire (large) d'un parti séparatiste : la N-VA. Comment en est-on arrivé là ? À l'origine : une rancœur flamande La forte volonté flamande d'autonomie, voire d'indépendance, prend sa source aux débuts de la Belgique. Quand celle-ci accède à son indépendance en 1830, le pouvoir est contrôlé par l'élite francophone (la Wallonie est alors, grâce à l'essor...

Belgique : la N-VA (indépendantiste) va-t-elle gagner les législatives ?

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Après une nouvelle démission du gouvernement belge en avril, le choix a été fait de convoquer des élections fédérales, pour renouveler le parlement, dimanche prochain. Traditionnellement, les francophones y votent plutôt à gauche, et les flamands plutôt (franchement) à droite, surtout les plus jeunes . Et les sondages en Flandre sont assez surprenants. En tête se retrouve la N-VA. Une percée étonnante pour le parti indépendantiste conservateur. Aux élections législatives précédentes, en 2007, la N-VA était l'alliée (mineure) du CD&V, le parti chrétien-démocrate ; une étude affirmait que l'éclatement du cartel laisserait sans doute le CD&V à 25% et la N-VA à 5 ou 6% Aujourd'hui, les sondages donnent la N-VA premier parti de Flandre, à 25%, 6 points devant son ancien allié. Comment expliquer un tel succès ? L'unité belge n'existe plus : l'intérêt de la nation flamande passe avant. Certes, l'indépendantisme est une position minoritaire en Fla...

France et Palestine, le naufrage du NPA

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On peut lire des choses franchement stupéfiantes sur le site du Nouveau Parti Anticapitaliste qui, après l'échec des régionales, continue sa stratégie destructrice de drague communautaire. Ainsi, il publie aujourd'hui une tribune Cinq belles réponses à une mauvaise question écrite par Pierre Tévanian et Sylvie Tissot, animateurs du site Les mots sont importants , qui présente toute critique de l'islam, toute volonté républicaine d'assimilation ou d'intégration, comme un racisme affreux. Ils citent ici cinq slogans apparus pendant le débat sur l'identité nationale. Arrêtons-nous sur l'un d'entre eux, et ce qu'ils en disent Nique la France ! Ce slogan issu de la culture populaire n’a pas encore acquis ses lettres de noblesse politique. On peut le regretter , car il a le mérite incontestable d’affirmer de manière radicale l’attachement à un acquis démocratique essentiel : la liberté d’expression, qui implique un droit inaliénable à l’impolitess...