Les éditorialistes menteurs : Colombani sur Sanders


Quand je prends le métro pour aller travailler, je lis régulièrement Direct Matin. Même si ce journal gratuit ne brille pas par sa qualité, c'est toujours mieux que rien.

Le site libéral Slate.fr fournit une page par jour à Direct Matin : « L’œil de Slate », composé de 3 articles, du mardi au vendredi, et la chronique de son directeur Jean-Marie Colombani le lundi.

L'ancien patron du Monde s'intéresse beaucoup à la politique américaine. Il ne cache pas sa préférence pour Hillary Clinton, seul rempart selon lui face à Donald Trump.

Chronique du 25 janvier :
(…)
Au seuil des primaires démocrates, Hillary ne semble plus invincible. Elle ne cesse de perdre du terrain face à un challenger surprenant, le sénateur Bernie Sanders, qui se réclame ouvertement du socialisme. Référence qui, aux Etats-Unis, vous garantit de rester minoritaire.
Là réside sans doute le scénario catastrophe. Si Hillary Clinton, toujours poursuivie par une ténébreuse histoire d’e-mails privés contenant des informations classifiées alors qu’elle était secrétaire d’Etat, est victime de l’arrogance prêtée par une partie de l’opinion à la famille Clinton, si se répétait pour elle le scénario de 2008 ou, partie favorite, elle avait été battue au poteau par Barack Obama, nul doute que la désignation d’un socialiste revendiqué ouvrirait la voie à l’élection de Donald Trump. C’est-à-dire d’un populiste extrémiste, incontrôlable et simpliste qui n’a que faire du reste du monde.

Chronique du 14 mars :
(…)
Mais la candidature d’Hillary Clinton est aussi entre les mains du FBI (la police fédérale), qui enquête sur une obscure histoire d’utilisation, par Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat, de son mail privé et de ses propres serveurs pour des affaires de diplomatie et de secrets d’Etat. Si elle devait être inculpée, elle ne pourrait plus briguer l’investiture démocrate et le match serait joué. Personne en effet n’accorde la moindre chance à un candidat, Bernie Sanders, se réclamant du socialisme face au démagogue Trump.

Sanders n'aurait aucune chance contre Trump. Non seulement Colombani l'affirme mais, plein de ses certitudes, il rajoute même que « personne n'accorde la moindre chance ».
Personne. Donc ce ne serait pas seulement son avis, mais aussi celui de tous les commentateurs.
Il faut dire qu'en effet, j'ai déjà entendu plusieurs fois à la radio des polémistes affirmer la même chose, et jamais le contraire.
À tel point qu'au début, je les croyais : après tout, pourquoi mentiraient-ils ?

Mais ils mentent. Tous les sondages sur un duel Sanders-Trump donnent le démocrate vainqueur. Tous. Et même très nettement vainqueur depuis janvier.
L'élection est encore loin, les sondages ne présagent donc que peu du résultat final. Et il est de plus probable que ce duel n'ait jamais lieu, vu l'avance prise par Hillary Clinton.
Mais tout commentateur un tant soit peu honnête doit avouer que la partie serait bien engagée pour Sanders contre Trump.
Pour ne pas accorder « la moindre chance » au démocrate, alors qu'il a 15 points d'avance dans les sondages, il faut vraiment être aveuglé par la volonté de le voir échouer.

Prenons deux sites américains agrégeant les sondages des différents instituts :
Real Clear Politics

Huffington Post

Le repoussoir, c'est Trump le xénophobe, pas Sanders le socialiste (que les sondages donnent également vainqueur contre Ted Cruz).

Pourquoi ces polémistes, ces éditorialistes osent-ils alors affirmer une telle contre-vérité ?
Sans doute parce qu'ils sont tellement persuadés que leur pensée libérale est la seule valide qu'ils ne se donnent même plus la peine de chercher à vérifier ce qu'ils avancent.

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