Maljournalisme : le besoin d'extrémistes

J'ai été frappé par l'emballement médiatique autour du pasteur américain menaçant de brûler le Coran. Comment les médias américains (et à leur suite, tous les médias du monde) ont fait de cet illuminé une star en quelques heures. Comment ils ont ainsi attisé le sentiment anti-américain des populations musulmanes, et mis en danger les GI en Afghanistan.

Les médias ont sans doute commencé à parler de lui, pour illustrer à la fois le 9ème anniversaire du 11 septembre, et la polémique sur la mosquée près de Ground Zero.

Fallait-il en parler ? J'ai du mal à répondre non, parce que la presse est libre et doit pouvoir raconter ce qu'elle veut.
Mais attention à la limite ! Rendre compte des propos d'un extrémiste, cela peut lui faire plus de publicité que de dégâts à son image.
Dieudonné l'a bien compris : il est devenu spécialiste des provocations destinées à faire parler de lui dans les journaux télévisés. Faurisson, Le Pen : à chaque fois les médias sont tombés dans le piège.

Un rôle essentiel de la presse est de hiérarchiser l'information. De nous aider à repérer ce qui est digne d'intérêt dans l'actualité.
Mais, trop souvent, elle « crée » l'information pour attirer le lecteur/auditeur/téléspectateur. Elle donne dans le sensationnalisme.

Et quoi de plus sensationnel, qu'un extrémiste ? Pourquoi inviter un intellectuel musulman modéré, quand on peut doubler son audience en préférant Tariq Ramadan (et sa propagande islamiste) ?
L'an dernier, après le vote suisse de l'initiative anti-minarets, j'avais relevé la nullité des reportages des journaux télévisés français sur le sujet : les seuls opposants à ce vote montrés étaient des islamistes… Pas de politiques de gauche ou de droite, pas de musulmans modérés.


Plus encore, les médias semblent obsédés par le racisme. Pourquoi Sarkozy s'en est-il pris aux Roms ? Parce qu'il savait que cela occuperait les médias, qui cesseraient de parler de l'affaire Woerth-Bettencourt.

Ah, on aime les faits divers avec un fond de racisme. On se jette dessus. Et quand on ne vérifie rien, cela donne l'affaire Marie-Léonie (RER D).

Et quand il n'y a pas de racisme ? Inventons-le ! On peut toujours trouver quelque chose, en cherchant la petite bête ! Si on se débrouille bien, un propos qui n'avait choqué personne peut devenir une affaire nationale.
L'exemple récent le plus frappant est cette polémique crée de toute pièce par l'Express, en sortant du contexte une phrase de Georges Frêche (la « tronche pas catholique » de Laurent Fabius) et en l'interprétant de manière ridicule (en l'accusant d'antisémisme).


Dénonçons l'intolérance. Mais de manière intelligente. Sans que l'indignation soit sélective. Sans en voir partout (hein, Rue89 !), ce qui finit par banaliser l'accusation de racisme.
Et sans répercuter les moindres provocations, sous peine de starifier des individus qui ne mériteraient que le mépris.

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