Mediapart, la victimisation comme vecteur de buzz ?

Rue89 a été lancé le 6 mai 2007. Il leur a fallu moins de dix jours pour faire parler d'eux, en révélant le scoop censuré du JDD sur le non-vote de Cécilia Sarkozy.
MediaPart, le media web payant d'Edwy Plenel, a plus de mal à faire parler de lui en attendant son lancement officiel, sinon par le soutien encombrant de Ségolène Royal. Nous allons le voir, ils ont pour l'instant choisi la victimisation plutôt que le contenu, pour se faire un nom.

La première chose à laquelle j'ai pensé en entendant parler de Mediapart, c'est ce que j'ai dit dans un commentaire laissé chez Versac :

Une question toute bête : Mediapart, ils ont pas peur que Media-participations, les cathos belges de la BD, trouvent le nom trop proche du leur ?
Parce que bon, Media-Participations, ce n'est pas rien : c'est quand même le plus gros éditeur de BD européen (propriétaire notamment de Dargaud et Dupuis), qui fait aussi dans l'édition classique, l'audiovisuel et la presse (Spirou, bien sûr, mais aussi Rustica).

Bingo ! Ma prédiction s'est réalisée ! Je le découvre ce soir, Media-Participations attaque MediaPart pour contrefaçon de marque.

Ce que je trouve ridicule, c'est la façon dont MediaPart se défend :
okay, on aurait pu changer de nom tranquillement, de toute façon ce n'était pas le nom définitif, mais finalement on va pas se laisser faire par ces gros méchants capitalistes, on est quand même de gauche, hein ; et puis, media-participations et mediapart(icipatif), ça n'a rien à voir, même si 5 syllabes sur 6 sont identiques, eux c'est "participations", des investissements, le règne de la finance, des méchants, alors que nous on est "participatifs", citoyens, démocrates, des gentils ; ils en veulent à la liberté de la presse.
Je caricature à peine, malheureusement…

Je me demande quand même à quel point tout cela n'est pas fait exprès. Le nom de MediaPart a été choisi malgré sa proximité avec celui (déposé) du groupe belge, qu'ils ne pouvaient ignorer. Les ennuis judiciaires n'auraient-ils pas été pris en compte dans la stratégie de communication ?
Il est vrai que, pour jouer le pot de terre contre le pot de fer, Media-Participations, c'est l'ennemi rêvé : gros groupe financier catho, face à la petite équipe de gauche ; les gentils modernes face aux méchants conservateurs.

On n'attend presque plus que Désirs d'avenir se mobilise pour défendre cette soi-disant menace sur la liberté de la presse.
Et on n'en est pas loin : comme le souligne Abadinte, MediaPart sera représenté devant la justice par Maître Jean-Pierre Mignard… ami et avocat de Royal, et président de Désirs d'Avenir !

EDIT 7 février : l'affaire a finalement été réglée à l'amiable : oubliée la méchante droite religieuse, on parle désormais de "discussion entre personnes de bonne foi"…

Commentaires

  1. Il y a si peu de commentaires, sur ton blog. Il faut dire que tu passes ton temps à diffamer les autres, cher Vincent...

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  2. Je vois que je ne suis pas le seul à m'inquiéter de la collusion entre les journalistes et les politiques.

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  3. @abadinte :
    c'est surtout le fait que la proximité avec Royal et DA est répétée (mail de DA incitant à s'abonner, Mignard avocat de MediaPart) qui est inquiétante. Plenel veut faire dans l'anti-Sarko, mais il n'est pas obligé pour cela de rouler avec Royal.
    Mais je pense que cela ne se répercutera pas sur la suite (en tout cas je l'espère) : il y a de très bon journalistes sur ce projet, qui sauront rester indépendants.

    @courageux commentateur qui critique caché derrière son anonymat :
    qui ai-je diffamé ??
    Et, je ferai sans doute plein de commentaires si j'optais pour un fond de commerce anti-Sarko ou anti-Ségo. Mais je préfère essayer de faire un blog de qualité plutôt que d'en faire le café du commerce.

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  4. Mince, Versac a fermé ses commentaires pour un article équivalent. Je vais donc entendre votre point de vue tel quel, ici aussi.
    Pourquoi pas.
    Mais alors, vous pourriez vérifier comme moi que des sociétés avec Media, avec Part ou participation dans leurs noms, sont légions dans le monde. Et comme par hasard, la holding s'attaque à Mediapart.
    Si j'étais gérant de Mediapart, je réagirais sans doute de la même manière que M.Plenel, qui au fil des années, a su bien apprendre sa leçon de paranoïa, il fut à bonne école, et on le serait à moins, sans doute.
    Mais comme là, Mme Royal apporte un soutien que l'on qualifie d'encombrant - ça me rappelle du coup le barbarisme qu'elle avait employée sur la muraille de Chine, pendant que M.Sarkozy massacrait la langue française mille fois lors de chaque discours qu'il prononça, et qu'il prononce encore ...

    Ok, la critique c'est bien. Mais je pense que pour le coup elle est partisane. Mais qui sait ...

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  5. J'ai suivi il y a quelques années un cours sur la propriété intellectuelle, je comprends tout à fait la démarche de Media-participations.
    Quand qqn utilise un nom trop proche de la marque que vous avez déposé, vous lui demandez de cesser cette utilisation, c'est normal.

    Que des sociétés aient media ou part ou participation dedans, Media-Participations s'en fout, parce que ce ne sont pas des noms assez proches de leur marque.
    Mediapart, avec un part qui veut dire "participatif", c'est quand même très proche de leur marque déposée, dans le même domaine d'activité qu'eux (Media-participations fait notamment de la presse, MediaPart est un journal en ligne). Ils ont donc peur de la confusion dans la tête de l'utilisateur.

    En clair on ne risque pas de les confondre avec media-truc ou avec machin-participations, mais on risque de les confondre avec mediapart. D'où la demande de changement de nom (refusé par Plenel), puis le procès. Il reste à la justice de statuer si oui ou non les deux noms peuvent être confondus par l'utilisateur.

    Si je trouve la réaction de MediaPart nulle, c'est qu'on sait depuis le début que ce ne sera pas leur nom définitif (c'est moche et trop descriptif), et qu'ils vont au procès juste pour faire parler d'eux.


    Sur Royal et son soutien que j'ai qualifié d'"encombrant". J'aurais eu la même réaction si ça avait été Bayrou, Sarkozy, DSK, Fabius, ou tout autre homme politique.
    Mais là, on a :
    -conception du site mediapart.fr par la Netscouade qui a conçu le site "Désirs d'avenir" (là, rien de grave)
    -avocat de mediapart : Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d'Avenir
    -et surtout, mail aux adhérents de DA les encourageant à s'abonner à mediapart.
    Ca fait quand même beaucoup de points de proximités entre mediapart et DA. C'est l'accumulation qui fait craindre un manque d'indépendance.
    Quelle réaction auriez-vous si l'UMP invitait ses adhérents à s'abonner à un nouveau media qui partagerait le même avocat, les mêmes concepteurs web que l'UMP ?

    Je ne doute par contre pas de l'honnêteté et du talent des journalistes de l'aventure mediapart, je ne crains guère que cela se ressente dans leur articles.

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  6. Je partage ton analyse sur la victimisation de Plenel , Vinz... On en viendrait à penser que les anciens du Monde héritent tous de ce trouble (cf Daniel Schneiderman et ses déboires concernant son dernier article pour Libération censuré par Joffrin). Cependant, il faut rappeler que Média-Participation est une boite assez catho, connue pour un usage de la censure et un nettoyage du journal Spirou lors du rachat des Editions Dupuis. Pas sûr que Plenel ait voulu utiliser une telle notoriété. Amitiés grenobloises.

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  7. Cela s'était surtout mal passé quand ils ont racheté Dargaud il y a 20 ans, voulant "moraliser la BD". D'où les craintes lorsqu'ils ont racheté Dupuis.
    Je dis pas que Plenel a voulu utiliser la notoriété de media-participations, mais plutôt qu'il a dû se dire "on a un nom proche du leur ? c'est pas grave, s'ils nous attaquent ça nous fera de la pub".

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  8. Effectivement pour le côté publicitaire de la chose, c'est tout à fait probable. Je n'avais initialement pas retenu cette hypothèse. :)

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