Alain Carignon : le retour de l'indésirable
J'ai remis les pieds à Grenoble la dernière semaine de mai, après avoir passé trois mois à l'étranger. Et j'ai été frappé de voir l'affiche électorale d'Alain Carignon.
À moins de 15 jours du 1er tour du scrutin, j'ai pris enfin conscience de ce fait : il est vraiment de retour, il y a un risque de voir à nouveau associés, dans quelques semaines, les noms de Grenoble et de Carignon.
Pourtant cela fait des mois que je sais qu'il est candidat à cette élection législative. Et je n'ai jamais été dupe : en 2002, il n'y avait vraiment que les responsables de l'UMP Isère pour croire que l'ancien maire comptait rester un simple citoyen... Cela fait des années qu'on sait que le seul but de Carignon est de reprendre Grenoble en 2008. Mais là, pour la première fois, je voyais à nouveau le nom de l'ancien maire (condamné par la justice) placardé dans les rues de la ville. En fait, cela m'a choqué.
Il ne s'agit pas de ressasser les vieilles histoires. Je ne suis pas contre le retour des élus condamnés. Mais il faut comprendre ce que l'on peut ressentir ici.
J'ai grandi dans le Nord de l'Isère, à une cinquantaine de kilomètres de Grenoble. En 1993, Carignon était ministre, maire de Grenoble, président du Conseil Général. C'était l'un des politiques à qui les observateurs promettaient un très bel avenir. On était fier d'avoir quelqu'un du coin aussi haut, d'entendre parler si souvent de notre département.
Et puis, patatras, le grand politique est corrompu. La fierté locale devient un boulet : au milieu des années 90, on ne parlait plus de Grenoble et de l'Isère qu'à travers les affaires. Carignon, pour moi, cela évoque une période qui nous a fait honte.
Si seulement il s'était vraiment excusé auprès des Grenoblois et des Isérois. Mais non, il affirme n'avoir fait que ce que tout le monde faisait ; or, si la plupart des politiques condamnés l'ont été pour des affaires de financement et d'emplois fictifs, Carignon, lui, l'a été pour corruption passive, recel d'abus de bien sociaux (pour plus de 19 millions de francs !) et subornation de témoins.
Et puis, la manière dont il a organisé son retour montre que l'homme est resté roublard, et n'incitent pas à la confiance : en 2002, il assure aux responsables de l'UMP Isère, encore méfiants, qu'il veut se rendre utile à la droite, mais pas briguer des postes. Alors que, dans le même temps, il recueille des centaines de demandes d'adhésions de personnes le soutenant, qu'il garde au chaud pour ne pas éveiller la crainte des patrons de l'UMP Isère... jusqu'aux derniers jours de l'année. En quelques jours, le nombre d'adhérents de l'UMP 38 explose, les pro-Carignon sont majoritaires, ce qui lui permettra d'être désigné président de la fédération départementale quelques semaines plus tard. Un vrai hold-up.
Mais, encore une fois, malgré les évidences, il assure qu'il ne compte pas se représenter devant les électeurs. Il est aujourd'hui candidat à l'élection législative et a déjà annoncé son intention de l'être l'an prochain à la mairie de Grenoble. Et je ne parle même pas de la mascarade qu'a été cette désignation.
Si Carignon perd la législative, il est fini politiquement : comment prétendre rassembler la droite pour reprendre cette ville de gauche, s'il ne réussit qu'à diviser la droite et faire tomber (dans un contexte national très favorable à l'UMP) cette circonscription de droite, "sa" circonscription, dans l'escarcelle socialiste ? Le pire pour lui serait, comme les sondages semblent le montrer, d'être devancé par son rival Richard Cazenave dans les urnes.
Électeurs de la 1ère circonscription de l'Isère, arrêtez le retour de Carignon dès le 10 juin. Merci d'avance.
À moins de 15 jours du 1er tour du scrutin, j'ai pris enfin conscience de ce fait : il est vraiment de retour, il y a un risque de voir à nouveau associés, dans quelques semaines, les noms de Grenoble et de Carignon.
Pourtant cela fait des mois que je sais qu'il est candidat à cette élection législative. Et je n'ai jamais été dupe : en 2002, il n'y avait vraiment que les responsables de l'UMP Isère pour croire que l'ancien maire comptait rester un simple citoyen... Cela fait des années qu'on sait que le seul but de Carignon est de reprendre Grenoble en 2008. Mais là, pour la première fois, je voyais à nouveau le nom de l'ancien maire (condamné par la justice) placardé dans les rues de la ville. En fait, cela m'a choqué.
Il ne s'agit pas de ressasser les vieilles histoires. Je ne suis pas contre le retour des élus condamnés. Mais il faut comprendre ce que l'on peut ressentir ici.
J'ai grandi dans le Nord de l'Isère, à une cinquantaine de kilomètres de Grenoble. En 1993, Carignon était ministre, maire de Grenoble, président du Conseil Général. C'était l'un des politiques à qui les observateurs promettaient un très bel avenir. On était fier d'avoir quelqu'un du coin aussi haut, d'entendre parler si souvent de notre département.
Et puis, patatras, le grand politique est corrompu. La fierté locale devient un boulet : au milieu des années 90, on ne parlait plus de Grenoble et de l'Isère qu'à travers les affaires. Carignon, pour moi, cela évoque une période qui nous a fait honte.
Si seulement il s'était vraiment excusé auprès des Grenoblois et des Isérois. Mais non, il affirme n'avoir fait que ce que tout le monde faisait ; or, si la plupart des politiques condamnés l'ont été pour des affaires de financement et d'emplois fictifs, Carignon, lui, l'a été pour corruption passive, recel d'abus de bien sociaux (pour plus de 19 millions de francs !) et subornation de témoins.
Et puis, la manière dont il a organisé son retour montre que l'homme est resté roublard, et n'incitent pas à la confiance : en 2002, il assure aux responsables de l'UMP Isère, encore méfiants, qu'il veut se rendre utile à la droite, mais pas briguer des postes. Alors que, dans le même temps, il recueille des centaines de demandes d'adhésions de personnes le soutenant, qu'il garde au chaud pour ne pas éveiller la crainte des patrons de l'UMP Isère... jusqu'aux derniers jours de l'année. En quelques jours, le nombre d'adhérents de l'UMP 38 explose, les pro-Carignon sont majoritaires, ce qui lui permettra d'être désigné président de la fédération départementale quelques semaines plus tard. Un vrai hold-up.
Mais, encore une fois, malgré les évidences, il assure qu'il ne compte pas se représenter devant les électeurs. Il est aujourd'hui candidat à l'élection législative et a déjà annoncé son intention de l'être l'an prochain à la mairie de Grenoble. Et je ne parle même pas de la mascarade qu'a été cette désignation.
Si Carignon perd la législative, il est fini politiquement : comment prétendre rassembler la droite pour reprendre cette ville de gauche, s'il ne réussit qu'à diviser la droite et faire tomber (dans un contexte national très favorable à l'UMP) cette circonscription de droite, "sa" circonscription, dans l'escarcelle socialiste ? Le pire pour lui serait, comme les sondages semblent le montrer, d'être devancé par son rival Richard Cazenave dans les urnes.
Électeurs de la 1ère circonscription de l'Isère, arrêtez le retour de Carignon dès le 10 juin. Merci d'avance.
y a un truc que je ne comprend pas. Tu dis qu'en quelques jours, le nombre des adhérents de la FD UMP a explosé et qu'il a été désigné président. Il n'y a pas un délai de plusieurs mois entre l'adhésion et le premier vote interne à l'UMP, comme dans d'autres partis????? Si c'est vrai, c'est au moins aussi dingue que le retour de Carignon.
RépondreSupprimerMa phrase n'est pas très claire : le "il a été désigné président de la fédération" n'est pas compris dans le "en quelques jours", je la modifie ;)
RépondreSupprimerCe qui s'est passé, c'est qu'il a apporté toutes ces signatures le 29 décembre 2002. Et le vote a eu lieu moins de 4 mois plus tard, en avril 2003
Voir ce dossier intéressant de l'Express Grenoble : http://www.lexpress.fr/info/region/dossier/grenoble_isere/dossier.asp?ida=456297