Le scrutin présidentiel

Jean-Marie Le Pen était au second tour en 2002 à la place du candidat socialiste..
Mais pour moi, le vrai problème, ce n'est pas que Le Pen soit au 2ème tour, c'est plutôt que les candidats traditionnels fassent moins de 20% (effectivement, avec un Le Pen entre 15 et 17%, cela a des conséquences fâcheuses). Comment être un président rassembleur quand on n'arrive même pas à rassembler son camp alors qu'on en est le seul leader ?

Pourquoi les gros candidats font-ils des scores si moyens ? Et surtout, pourquoi les candidats alternatifs, non issus de partis de gouverment font-ils des scores si élevés ?
Essentiellement parce qu'une bonne partie des électeurs se sent oubliée. Qu'on ne lui parle pas de ses préoccupations.
Parce que l'élite de la France est globalement néolibérale alors que le peuple est majoritairement anti-néolibéral. Les principaux médias privés appartiennent à des très grand groupes industriels, donc néolibéraux. Et ils ne donnent le plus souvent la parole qu'à ceux qui pensent comme eux. Fabius est quasiment tricard à la télé depuis qu'il s'est prononcé pour le non à la Constitution il y a 2 ans, et pire encore, depuis qu'il a gagné ce référendum.

Une bonne partie des français a du mal à vivre dans une telle situation économique. Quand la droite s'aligne sur le MEDEF, et que la gauche parle du mariage gay et des sans-papiers, une partie d'entre eux va vers ceux qui leur disent "oui, nous, nous avons compris votre problème, le pouvoir d'achat, le chômage". En 2007, Le Pen n'aura même plus besoin de jouer sur la fibre raciste, il n'a qu'à se présenter comme le candidat de ceux que les autres n'écoutent plus. C'est quand même dramatique. Parce que Le Pen reste un gros raciste.
Un autre problème est le nombre toujours plus élevé de candidats. Le nombre de parrainages d'élus à obtenir a déjà été relevé par le passé, de 100 à 500, pour l'élection de 1981, afin de limiter le nombre de candidats, mais ça ne suffit plus. L'élection présidentielle est si importante que tous les partis veulent présenter leur candidat. Finis les accords entre partis de gouvernement (en 2002, chaque parti de la gauche plurielle a présenté son candidat), quant aux accords entre partis alternatifs, ils semblent impossibles (les partis veulent l'union, à condition que ce soit leur candidat qui la mène)

Tristan compare l'élection présidentielle à une élection de real-tv, je trouve ça très pertinent. On vote pour une personne, plus que pour son talent. On décide souvent d'éliminer au moins un des grands favoris avant la finale. A la Star Académy, on se retrouve avec Magalie en finale, qui ne sait pas chanter mais paraît proche des gens parce qu'elle est grosse, elle a même gagné. A la Présidentielle Academy, les conséquences sont plus graves (Le Pen au second tour).

La Vème république était un régime à la fois présidentiel et parlementaire. L'adoption regrettable du quinquennat a conduit à faire des élections législatives une simple amplification des présidentielles, et on voit mal pourquoi un président prendrait en cours de route le risque de dissoudre la majorité qu'il détient jusqu'à la fin de son mandat
Quand au côté parlementaire… Je ne suis pas fan des assemblées élues à la proportionnelle intégrale, qui peuvent renverser trop vite un gouvernement. Je n'aime pas non plus l'assemblée au scrutin uninominal par circonscription, on se retrouve avec des majorités bien trop grandes, où jamais un gouvernement n'est renversé. Finalement je préfère les résultats de cette proportionnelle par grandes circonscriptions, comme pour les élections européennes ou régionales, quitte à avoir un bonus pour la formation de tête comme dans la seconde (ce qui rend l'élection totalement incompréhensible, et toute estimation en sièges très hasardeuse). On arrive à une majorité assez stable mais pas écrasante, des petits partis représentés sans qu'il ait un poids trop lourd...

Faut-il donc pour autant changer les règles, faire élire le président par le Parlement, comme le propose Tristan ? Je ne sais pas.
Pas dans une Vème République en tout cas. Enlever au peuple le pouvoir de désigner directement le président (avec l'importance qu'a le président actuellement), ça serait lui envoyer le message "vous êtes trop cons, vous votez n'importe comment, laissez-nous faire". Pas terrible.
Une nouvelle République, celle de Montebourg ? La C6R (convention pour une sixième république) propose en effet cela "Le président de la République est élu par les deux assemblées parlementaires réunies en Congrès à la majorité absolue de ses membres". Là, ça m'intéresse plus. Bon, il faudra attendre 15-20 ans minimum, le temps que Montebourg devienne un éléphant du PS (et pour moi, il faudrait des assemblées où soient aussi représentés les "contestataires)". Mais arriver à cette proposition fondamentale de la C6R, il faudra que le peuple accepte un tel changement dans la Constitution, le fait que le président n'ait plus le rôle primordial. Comment ça, après avoir eu Chirac comme président, c'est facile ? ;)

Je ne sais pas. J'ai encore 20 ans pour réfléchir.

Commentaires

  1. Salut vinz,
    D'abord félécitations pour ton blog, du vrai travail de pro par rapport à ce que je fait par exemple...
    Je partage de nombreux point de ton analyse sur la présidentielle. Moi même militant PRG, je me bat en interne pour éviter une candidature "symbolique". Mieux vaut un accord politique et programmatique q'un symbole !
    L'election au suffrage direct devient il est vrai un peu le concour de ma binette partout, appuyé par des médias ou à la soldes d'interets dont on ne dit pas les noms ou pris par l'engrenage de la vente à tout prix. Deux solutions peut etre. Un vrai regime présidentiel, en faisant disparaitre le poste de 1er Ministre, en renforcant le pouvoir parlementaire et en conservent l'élection du Président au Suffrage Direct. Ou un système ou les pouvoirs seraient dans les mains du premier Ministre, chef de la majorité, et ont pourrait supprimer l'election du Président directment. Je me pose la questions de l'election des parlementaires par listes régionales ou locales. En effet le système actuel malgrés les défaults qu'on luit connait, permet aussi à des personnalités locales, en dehors des investitures des partis (dont parfois les injonctions du siège sont dure à vivre localement), d'apparaitre ou meme de remporter l'élection.
    Bonne continuation,
    VG

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  2. Merci pour le compliment, on a beau dire, mais ça fait toujours plaisir :)

    D'habitude, je parle dans mes articles de l'avis que j'ai sur telle ou telle chose ; mais sur le système électoral à adopter, je n'ai absolument aucune conviction particulière…
    L'intérêt, c'est d'avoir le système le plus efficace, mais personnellement j'arrive pas à trouver l'un particulièrment plus efficace que l'autre.

    Quand on parle d'un régime réellement parlementaire, ça me fait penser à la IVème République, à l'Italie ou à Israël, et donc tous ces gouvernements faits d'alliances plus ou moins improbables, peu solides.

    Faudrait que ça soit possible que l'assemblée puisse renverser un gouvernement encore aujourd'hui. Mais maintenant, ils votent contre leur pensée. La plupart des députés UMP ne veulent plus de De Villepin, et pourtant ils n'ont pas voté la censure, juste pour pouvoir conserver quelqu'un qui prendrait les coups plutôt que leur chef.
    Avec une telle conception de la politique, on ira pas loin…

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