Fabius

Vu Fabius chez Ruquier.

Les discours de Royal ne m'ont jamais fait vibrer, trop mal incarnés. Ceux de Fabius, faisant référence à la laïcité, à la nation, remettant en cause le libre-échange, si.
C'est sans doute le meilleur tribun, le meilleur débatteur du PS (quoique son côté bourgeois cultivé et donneur de leçons peut-être énervant).

Chez Ruquier, Fabius était profondémment ennuyeux quand il s'agissait de défendre le contre-plan de relance du PS (dont il a magistralement court-circuité l'annonce mercredi, en menant la rébellion des députés de gauche à l'Assemblée).
Il a une excuse : ce plan est nul. Comme tout ce que fait le PS depuis un moment (programme 2007, déclaration de principes 2008, etc.), cela tente de faire un compromis entre toutes les sensibilités du parti… et cela n'est qu'un consensus mou, sans âme. Au final, personne ne s'y retrouve.
Fabius n'y croit pas, et ça se sent.

Fabius a un défaut majeur : il veut absolument être président de la République. Et il veut le PS derrière lui.
Par deux fois il a cru y arriver. Deux échecs.
1992 : successeur naturel de Mitterrand, il prend la tête du parti au plus mauvais moment (avant les législatives de 1993, désastreuses pour la gauche), laissant le champ libre à son meilleur ennemi, Lionel Jospin.
2005 : leader du non de gauche, vainqueur du référendum sur le TCE, et néanmoins écarté des instances du parti, il rate l'occasion de sa vie (claquer la porte du parti et fonder le Linkspartei français), convaincu qu'il sera désigné candidat du PS face à DSK. Mais Ségolène Royal est arrivée…
Et il continue. En 2008, plutôt que d'incarner à nouveau l'aile gauche du parti, il s'efface derrière la consensuelle Aubry (qui a pourtant le même programme social-démocrate européiste inefficace qu'il dénonçait chez Royal) pour faire battre Royal, pourtant bien plus légitime vis-à-vis du choix des militants. L'idée : écarter Royal, laisser Aubry se décrédibiliser, et être le sauveur de la gauche en 2012.
Soyons francs : quand Fabius fait passer la stratégie politique avant ses idées, il est nul.

Par contre, Fabius est excellent quand il défend ses propres idées, qu'il cesse de répéter le discours socialiste, pour se faire tribun, parler avec ses tripes, ponctuant son discours par un "bon dieu !" pour insister sur la chose qui lui semble essentielle.

Fabius, Mélenchon, Chevènement, ces gens-là ont compris que la gauche devait reconquérir les ouvriers, les campagnes, les pauvres, les vieux, (ces électorats qui lui font désormais défaut) au lieu de courir après les bobos comme le fait Royal. Dommage qu'ils le fassent chacun de leur côté, ça ne mènera pas à grand chose…

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