Mais non, il n'y a pas de dopage sur 100 mètres

On fait souvent croire que seul le cyclisme est un sport victime de dopage. Et l'athlétisme ? Quand les sportifs d'une nation règnent sans partage sur une épreuve individuelle, cela finit par un scandale de dopage.
Les athlètes est-allemandes (et des autres pays de l'Est) des années 80 ? Elles prenaient des hormones).
Les demi-fondeuses chinoises, imbattables en demi-fond entre 1993 et 1997, censées tirer leur force d'une mystérieuse "soupe à la tortue" ? Disparues des classements dès que quelques-unes se sont fait prendre aux contrôles anti-dopage.
Les Américains, maîtres du sprint autour des années 2000 ? Affaire BALCO.
Les Grecs ont ensuite repris le flambeau. Jusqu'à la fameuse fuite de Thanou et Kenteris devant un contrôle anti-dopage aux JO d'Athènes (2004).

Aujourd'hui, c'est l'heure des jamaïcains. Bolt champion olympique du 200
Les performances d'Usain Bolt (vainqueur du 100 mètres et du 200 mètres aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 puis aux championnats du monde de Berlin en 2009, battant chaque fois le record du monde) sont tellement non humaines qu'il n'est guère besoin de les commenter.
Ses compatriotes féminines se distinguent presque autant : triplé sur 100 mètres à Pékin, doublé (et quatrième place) à Berlin.
La prise d'hormone de croissance déforme la mâchoire. Bien sûr cela n'a rien à voir si Shelly-Ann Fraser, la championne olympique et du monde, porte encore un appareil dentaire à 23 ans. Vous saviez que Marion Jones et Kelli White, emportées par l'affaire BALCO, en portaient elles aussi ?

Le podium du championnat du monde était complété par l'américaine Carmelita Jeter. Elle vient, lors de la finale mondiale de l'athéltisme, de courir un 100 mètres en 10"67, ce qui en fait la 3ème femme la plus rapide de l'histoire, elle qui, jusqu'en 2008, n'était descendu qu'une seule fois sous les 11 secondes. À presque 30 ans, et après de nombreuses années de carrière, c'est un peu tard pour se découvrir de telles capacités physiques naturelles…
Rendez-vous compte, même la grande dopée Marion Jones a couru une seule fois plus rapidement de toute sa carrière (10"65, en 1998).

Le sprint s'est beaucoup accéléré ces dernières années.
Courir le 100 mètres en 11 secondes suffisait à accrocher le podium dans le nouveau millénaire. Mais, en 2009, ça n'a pas valu mieux que la cinquième place, loin de la gagnante.

De toute l'histoire de l'athlétisme, jusqu'au début de l'été, seules 4 femmes avaient bouclé leur 100 mètres en moins de 10"75 :
  • Florence Griffith-Joyner, 10"49 en 1988 ;
  • Marion Jones, 10"65 en 1998 ;
  • Christine Arron, 10"73 en 1998 ;
  • Merlene Ottey, 10"74 en 1996.
Une performance très rare, donc. Mais, depuis 2 mois, elles ont été rejointes par :
  • Kerron Stewart, 10"75 le 10 juillet (à Rome), puis le 17 août (à Berlin) ;
  • Shelly-Ann Fraser, 10"74 le 17 août (à Berlin) ;
  • Carmelita Jeter, 10"67 le 13 septembre (à Thessalonique).

Une telle densité de performance est irréelle, irréalisable à l'eau claire. Encore une fois, il faudra attendre que les dopés se fassent prendre…

Commentaires

  1. Pour une fois, Leblanc a raison quand il explique que la densité de contrôles est corrélée avec les cas de dopage (m'enfin, si un chercheur veut le prouver avec des stats, ce serait bienvenu) .

    La plupart des sports de hauts niveau connaissent un dopage massif, combinant la volonté individuelle (gagner la médaille/coupe) et la volonté "entreprenariale" (rapporter des sous à l'actionnaire / gagner du prestige) .

    Dans le foot, en France y a déjà des types en division d'honneur qui prennent des trucs (je ne mentionne pas le cyclisme, réputé pour l'intensité de son dopage amateur) ... mais la FIFA a été maligne en refusant au maximum de sa crédibilité les contrôles anti-dopage.

    Faut avouer que voir des machines de guerre rouler à 40 bornes de moyenne horaire avec du dénivelé et pendant 200 km est plus spectaculaire que des hommes non-améliorés (si on aime le cyclisme, ce qui n'est au demeurant pas mon cas) . Même chose pour le football, l'intensité physique est extraordinaire aujourd'hui (et pour le résultat à venir dans le rugby pro, regarder l'état dans lequel se trouvent les joueurs de football US, l'augmentation de la violence des impacts ne se fera pas sans contrepartie) .

    PS : ceci dit, dopés ou pas, les sportifs qui atteignent ce niveau n'en témoignent pas moins d'un sacré courage, et dans un monde sans dopage ils occuperaient certainement les toutes premières places également (m'enfin, je crois) .

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  2. Oui, la professionnalisation du sport dans les années 80/90 a rendu le dopage encore plus important.

    L'athlé, c'est un exemple très révélateur…
    Quand on pense que, quand l'IAAF a créé la Golden League (où les meilleurs se partagent 1 million d'euros) en 1998, à une époque où le 1er A de IAAF signifiait encore amateur…

    Surtout que les épreuves de sprint, c'est de la performance pure (alors qu'en cyclisme il faut aussi de la stratégie, et qu'en foot il faut de la technique).
    Et que les tables officielles sont remplis de records qui ne veulent rien dire. Ils avaient pensé à un moment recommencer les records à zéro en 2000 parce que la plupart des records sont inatteignables car dûs au dopage. Finalement, ils ne l'ont pas fait, et ils ont eu raison : le dopage a continué dans le nouveau siècle, autant voire plus.


    Avant, on se dopait pour la gloire, maintenant c'est pour l'argent.
    Et on est prêt à sacrifier sa santé pour l'argent.
    Un exemple de ça (même si c'est pas du vrai sport), c'est la lutte américaine, avec ces catcheurs qui doivent être très puissants et encaisser des gros chocs très régulièrement… Y a eu beaucoup de morts ces dernières années liés au dopage et à la dépendance à ces produits (que ce soit des overdoses, des suicides, ou le coeur trop fatigué).
    Les mecs savent ce qu'ils risquent, mais cela rapporte tellement d'être un lutteur reconnu
    qu'ils préférent ruiner leur santé pour amasser l'argent.

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