La Belgique et la présidence de l'Union Européenne

Herman Van Rompuy a quitté la tête du gouvernement belge pour devenir le premier président permanent du Conseil Européen.
Son remplacement par Yves Leterme, le leader flamand contreversé, s'est finalement fait sans douleur : depuis la grande crise politique de 2007, on sait qu'il est tellement compliqué de mettre d'accord francophones et néerlandophones qu'on garde (quasiment) les mêmes ministres à chaque changement du Premier (gouvernements Verhofstadt III, Leterme I, Van Rompuy, Leterme II).

Comme d'habitude, on remet soigneusement à plus tard les questions "communautaires" (en particulier Bruxelles-Hal-Vilvorde) tout en répétant qu'il est urgent de les résoudre.
Les hommes politiques belges le promettent : le "chantier" communautaire, c'est pour le premier semestre 2010. Promis, juré… comme depuis des années. Il est vrai que les francophones ont pratiquement épuisé tous leurs recours pour repousser le débat.


Mais surtout, une date-butoir se profile : le 1er juillet 2010, la Belgique prendra pour six mois la présidence tournante de l'Union Européenne. Et pas question d'exposer à toute l'Europe ses déchirements internes.

Soyons en sûrs : le débat ne sera pas serein. En 2007, la Belgique est restée 6 mois avec un gouvernement « en affaires courantes », la faute à un accord sur BHV qui n'est jamais venu.
On peut déjà imaginer que partis néerlandophones et francophones menaceront tour à tour de quitter le gouvernement pour arriver à leurs fins (respectivement la scission de BHV et l'élargissement de Bruxelles).

Que l'idée d'une Belgique ingouvernable devienne majoritaire en Flandre, et cela en sera fini du Royaume.
En effet, si les indépendantistes flamands purs et durs sont minoritaires, il y a en revanche beaucoup d'autonomistes qui envisagent aussi sereinement un avenir belge (où leurs revendications auraient été satisfaites) que l'indépendance (dans le cas contraire).

Une des issues possibles du débat communautaire est donc que le parlement flamand prenne acte du blocage belge et décrète son indépendance. Ce n'est qu'une possibilité, mais c'est celle que les flamands brandiront de plus en plus comme une menace au fur et à mesure de l'embourbement des négociations.

On peut donc déjà dire que la présidence belge de l'Union Européenne risque d'être un beau boxon non préparé. Même si la Belgique reste unie d'ici juillet 2010, cela serait un drôle de symbole de voir Van Rompuy et Leterme à la tête de l'Europe.
Ce qu'ils symbolisent, à travers leur parti, le CD&V, c'est le déplacement des démocrates-chrétiens, traditionellement moteurs de la construction européenne, vers le nationalisme ethniciste (flamand) au nom même de l'Europe et de l'effacement des états (Belgique).
Une raison de plus de détester ce qu'est devenue l'Union Européenne.

Commentaires

  1. Bonjour,

    5 ans sur la blogosphère. Entrée en sur AV, aussi. J'ai fait donc partie de la même fournée. Un an de modération, en plus. Et je ne me souviens pas de vous sur AV, parce que quand je modérais je ne voulais pas étiqueter les auteurs que je modérais.
    Je vois que votre article est, disons, un peu succinct et très loin de la situation ressentie région par région en Belgique. Normal une vision à partir d'Antibes, ne correspond pas à la vue interne.
    Un nationalisme ethnicisée au nom de l'Europe?
    Rien de plus faux.
    Ingouvernable la Belgique?
    Difficile de gouverner quand on veut être complètement démocratique à la proportionnelle avec deux cultures différentes.
    http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2009/11/27/un-pays-inacheve-ou-a-achever.html

    RépondreSupprimer
  2. Je connais très bien la situation politique belge.
    La "vue interne", je la connais très bien, à travers les diverses sources belges auxquelles je me réfère.
    Et voir ça d'ailleurs me donne sans doute plus de recul sur la situation.

    "Un nationalisme ethnicisée au nom de l'Europe? Rien de plus faux"
    J'aurais aimé des arguments.

    Union Européenne = organisme supranational => affaiblissement du pouvoir des états => pain bénit pour les nationalistes ethnicistes.

    Les flamands veulent avant tout ne rien avoir à faire avec les Wallons. Une Europe des régions (où la Belgique ne serait plus qu'une coquille vide) leur conviendrait très bien.
    (ils ont là la même démarche que bretons, corses, catalans, etc.)


    Sinon, oui, la Belgique est ingouvernable parce que formée de deux nations opposées.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Modération des commentaires sur les articles de plus de deux semaines

Posts les plus consultés de ce blog

Blasphémons, blasphémons gaiement !!!

Les fans de Bétancourt dérapent

Nicolas Princen, suite