Orelsan et la liberté de création artistique

Orelsan a été condamné pour injure et provocation à la violence à l'égard des femmes, à cause des paroles de ses chansons.

Et cela me révolte.
Parce que les chansons d'Orelsan n'incitent en rien à la violence. Il s'agit de textes de fiction.
Ce n'est pas Orelsan qui s'en prend aux femmes en chantant "mais ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintigner", mais un personnage de fiction, loser ridicule.

À entendre ceux qui avaient poursuivi Orelsan (et qui l'emmerdent depuis 4 ans), il faudrait se féliciter que soient ainsi instaurer des limites.

De plus en plus, certains confondent l'artiste et son œuvre.
On peut par exemple citer Michel Houellebecq, poursuivi (et relaxé) il y a une dizaine d'années pour avoir répondu dans une interview que l'islam était la religion la plus con. Au procès, l'accusation s'en est prise aux personnages intolérants de son livre Plateforme, comme si les propos fictionnels de ces créations artistiques traduisaient forcément la pensée de l'écrivain.
Même genre de soucis, quelques années plus tard, pour le roman Pogrom d'Éric Bénier-Bürckel, dont un  personnage (de fiction) tenait des propos très antisémites : même campagne de presse délirante contre l'auteur, même bien-pensants croyant débusquer un affreux raciste, comme si l'auteur cautionnait les propos de son personnage. Et heureusement, même issue : Bénier-Bürckel a gagné.


Messieurs les censeurs, faudrait-il condamner en justice les auteurs du dessin animé South Park au prétexte que l'un des héros, est un gamin intolérant et très raciste ?

Qu'on limite l'accès à des œuvres pour protéger les enfants, c'est normal. Qu'on poursuive ceux qui tiennent des discours de haine, cela ne me choque pas non plus. Mais qu'on s'en prenne aux œuvres de l'art, qu'on veuille interdire qu'elle décrive tel fait, me fait peur.

J'espère qu'Orelsan fera appel, et que la Cour d'Appel lui donnera raison. Faute de quoi, s'installerait un dangereux précédent.

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